Hier j’ai eu l’occasion de lire un article qui s’intitulait “ras-le-bol de la parentalité positive !!” et qui disait (Grosso Modo) qu’il s’agissait d’une nouvelle méthode d’éducation à la mode pensée par des bobos-laxistes, qui se pensent être des parents parfaits et qui n’ont pas (ou plus) d’enfants en bas-âge. C’est un article qui a été énormément aimé et partagé sur les réseaux sociaux et j’ai été un peu attristée de voir à que point les gens manquent d’informations et se méprennent à ce sujet.
Moi-même, j’ai énormément de difficultés à expliquer à mon entourage ma façon de voir les choses, je sais que mes réactions sont parfois mal comprises et que certains trouvent complètement ridicule que je laisse autant d’espace aux enfants.
Alors, j’avais juste envie de donner mon point de vue ici, en espérant que ce soit lu…
Ma vision de la parentalité positive :
Dans un premier temps, je voudrais dire que la parentalité positive N’EST ABSOLUMENT PAS une mode ! C’est vrai que c’est un terme un peu nouveau qui a émergé notamment grâce aux découvertes des neurosciences. Cela fait tout de même plus de dix ans, c’est juste qu’en France nous sommes extrêmement en retard sur certaines choses. La parentalité positive s’appuie sur les enseignements des neurosciences, c’est à dire sur l’étude du fonctionnement du système nerveux. Depuis une dizaine d’années, les neurosciences nous apportent des éclairages nouveaux sur le développement cérébral des enfants. La parentalité positive a pour fondement des études scientifiques reconnues. En ce sens on ne peut pas parler d’une mode car le terme de “mode” impliquerait que l’on puisse revenir sur ces découvertes scientifiques or, ce n’est pas possible…
Je lis souvent, sur les réseaux sociaux, que la parentalité positive ne fonctionne pas, que les enfants ont besoin de limites, qu’on ne peut pas se contenter de dire mollement “ce n’est pas bien, il ne faut pas faire ça…”, que “l’enfant a besoin de savoir qui commande”… Beaucoup assimilent la parentalité positive au laxisme qui engendrerait de façon systématique des enfants rois incapables de supporter la moindre frustration. Il y a ici, de mon point de vue, une grosse, très grosse confusion. Bien évidemment, la parentalité positive n’exclue pas un cadre et des limites clairement définies.
En revanche, elle implique une vraie réflexion sur leur pertinence, ce qui reste quelque chose de finalement très personnel et de propre à chaque famille. L’idée est de poser les limites qui nous paraissent profondément justes de manière à maintenir une ligne de conduite cohérente et de nous sentir alignés à chaque fois que nous avons à rappeler ces limites. Ce n’a rien avoir avec du laxisme.
La parentalité positive n’est pas une méthode qui marche ou qui ne marche pas. Beaucoup pensent que la parentalité positive est un mode d’éducation qui vise à obtenir l’obéissance et la soumission de l’enfant en utilisant des méthodes beaucoup plus soft (sans fessée et sans punitions). Avec, derrière tout ça, l’idée que si cela ne fonctionne pas, c’est alors le signe évident qu’il faut revenir à des modes d’éducation plus traditionnels.
Selon moi, les personnes qui raisonnent de cette façon, n’ont pas compris les fondements mêmes de l’éducation positive qui implique de sortir de ce rapport de force parent/enfant, gagnant/perdant.
A l’heure où de nombreux blogs surfent (plus ou moins bien) sur la tendance en proposant des formations hors-de-prix pour “apprendre à éduquer”, j’ai moi-même l’impression que l’on perd de vue l’essence même de la parentalité positive parce qu’on en fait une méthode à la mode avec toujours derrière tout ça, l’idée de soumettre l’enfant, de le faire obéir MAIS en se donnant bonne conscience.
Il n’y a aucun MIRACLE à attendre de tout ça !
Il est important de lire les ouvrages de référence pour s’approprier les concepts fondamentaux et comprendre le fonctionnement des enfants. Pour le reste c’est surtout une démarche de développement personnel.
Pour se libérer des entraves qui nous empêchent d’être le parent que l’on aimerait être, il y a nécessairement un travail à faire sur soi-même. C’est quelque chose de très compliqué, qui va bien au-delà du simple rejet du modèle familial de référence. C’est une véritable introspection et une observation fine de nos sentiments, de nos réactions. Cela peut même parfois nécessiter une aide extérieure…
La parentalité positive : une démarche globale
Au fil de mes lectures et de mon cheminement personnel, j’ai réalisé que la parentalité positive était (selon moi) une démarche globale avec au cœur de cette démarche une véritable prise de conscience : l’enfant est une personne qui ne nous appartient pas et sur lequel nous n’avons aucun droit. En revanche, en choisissant de le faire venir au monde pour notre satisfaction personnelle, nous nous engageons envers lui.
L’essence même de la parentalité positive, c’est le respect de l’enfant, de ses émotions de ses capacités. L’enfant n’est pas un petit être plein de défauts et mal intentionné qu’il faut sans cesse recadrer pour en faire quelqu’un de bien. Nous avons la petite graine qui contient l’essence de la plante et notre seul devoir est d’en prendre soin. Nous ne savons pas quelle est cette plante et nous n’avons absolument aucun droit sur ses fruits.
Tout ceci passe, entre autres, par une observation minutieuse et un questionnement : Est-ce que mes attentes sont pertinentes ? Est-ce qu’elle sont en adéquation avec ses capacités ?
Chaque jour, il faut s’adapter, pour donner ce qu’il y a de plus juste à chacun de ses enfants, prendre en compte ce qu’ils sont et ce dont ils ont besoin, au jour le jour…
Tous les parents qui s’engagent dans cette démarche, plus consciente et respectueuse rencontrent des difficultés. Il n’y a pas de parents parfaits. Cela n’existe pas. Nous trébuchons, nous commettons des erreurs, nous avons recours à des VEO. Il y a des jours où j’ai la sensation d’être bien loin de mes convictions. Je m’éloigne de la parentalité positive puis j’y reviens.
L’important est de garder à l’esprit la direction vers laquelle nous allons, reconnaître que l’on s’est mal comporté et qu’il est nécessaire de trouver des alternatives.
Je vous parle ici à cœur ouvert et je vous fait part de ma manière de voir les choses, de mes réussites et de mes difficultés. Et pourtant je parle peu de “parentalité positive” car à l’heure où de plus en plus de blogueurs s’approprient le concept moi, j’ai la sensation de m’en éloigner de plus en plus… C’est pourtant quelque chose qui me semble évident et juste au plus profond de moi-même. J’aimerais juste parfois pouvoir changer ce terme que j’aime de moins en moins et qui crée beaucoup trop de polémiques…
On parle de plus en plus de parentalité respectueuse, de parentalité “en conscience”, des façons de rester connectées avec son enfant et tout cela m’inspire beaucoup plus car cela va bien au delà de la parentalité positive…
Je sais que ce billet est un petit peu long, merci de m’avoir lue jusqu’au bout ! J’espère que tout ceci résonnera en vous, comme cela raisonne en moi… N’hésitez pas à vous exprimer. Vous pouvez me dire ce que vous en pensez si vous le souhaitez, en commentaires !
A bientôt !
Éva.
Je comprends tes réserves, et les points que tu soulèves sont pertinents, pourtant je fais partie de celles qui en ont “ras le bol”. Pas du mode d’éducation en lui-même – chacun fait comme il le sent, selon son expérience, le caractère de ses enfants, son environnement…- mais de ce qui en est fait.
Car il est indéniable que c’est ces dernières années devenu une “mode” – oui, une mode, parce qu’aujourd’hui ce mode éducatif est sous les feux de la rampe (même si comme tu le soulignes ça n’a rien de nouveau), qu’il fait bon de se déclarer adepte de ces préceptes, et que beaucoup s’engouffrent dans la brèche pour “marketiser” – et sans doute dénaturer – les principes de base.
En résulte une vraie pression (sur les réseaux sociaux en tout cas), qui peut être lourde de jugements pour ceux qui ne suivent pas cette voie, ou la suivent à leur propre façon… Une voie pas toujours très claire, d’ailleurs, tant la compréhension peut en être mal interprétée par certaines mamans qui deviennent moralisantes et exclusives.
On arrive à certaines dérives vraiment dommageables, et c’est bien malheureux! Je pense que pour tout mode d’éducation, il n’y a pas de ligne “à suivre” : à chacun de trouver ce qui lui parle, de piocher à droite, à gauche, de faire sa popotte comme il l’entend (dans le respect de l’enfant, évidemment, mais en vrai à part des cas exceptionnels je pense qu’on est toutes d’accord sur ce point…). Alors, si je n’ai rien contre ce modèle d’éducation, ni contre aucun autre d’ailleurs, j’en ai ras le bol, moi aussi, qu’il soit toujours montré comme la seule voie “saine”, sorte de parole divine à appliquer à la lettre. Ce n’est jamais aussi simple que cela!
Merci pour ton commentaire ! Je suis d’accord avec toi, il y a depuis quelques années un véritable matraquage qui devient exaspérant… Avec deux enfants de moins de trois ans, je suis en plein dans la cible marketing. Il ne se passe pas une journée sans que je vois, sur mon feed et dans mes mails, défiler les offres de formation “pour en finir définitivement avec les VEO”… Il y a une certaine image de la mère parfaite qui ne crie pas, qui ne s’énerve jamais, qui colle à la parentalité positive. Alors qu’en réalité c’est tout l’inverse. Dans un vrai groupe de parentalité positive, on retrouve tout sauf des mamans parfaites ! Au contraire, il y a une vrai démarche d’accueil des émotions et d’analyse. Savoir reconnaître que l’on a des difficultés, que l’on dérape parfois, essayer de comprendre … Comme tu le dis ce n’est pas (de mon point de vue) une ligne à suivre, une méthode ou la seule voie saine d’éduquer son enfant. C’est réfléchir pour trouver ce qui fonctionne dans SA famille dans le respect de l’enfant mais aussi du parent. Ce que je trouve réellement dommage c’est que de nombreux parents se privent de ce genre d’aide et de ce que cela pourrait leur apporter parce qu’ils se sentent culpabilisés!
Je ne peux qu’être d’accord avec toi ! Par contre, je suis assez épuisée du combat qui est mené sur les réseaux sociaux, de la chasse aux sorcières qui est faite entre celles qui font et celles qui ne font pas telles ou telles choses. La parentalité positive c’est une valeur qui me porte et que je partage à 200%. Pourtant, je suis persuadée qu’il y a plusieurs façons de la vivre. Nous sommes tous uniques 🙂
En tous cas, merci de rappeler ces points essentiels. Education bienveillante ne veut PAS dire laxisme… et ce n’est pas un phénomène de mode… Et il est important de toujours le rappeler !
Oh oui, je suis fatiguée des raccourcis, des approximations… ll y a quelques jours une maman à la crèche me confiait être en grande difficulté avec son aînée. Je lui ai parlé d’une association qui, dans ma ville, organise des rencontres et des conférences autour de la parentalité positive. Elle a tout de suite rejeté l’idée en me disant qu’elle était saoulée par tout ça, qu’elle n’y “croyait” pas, que ça ne “marchait” pas selon elle… C’est tellement dommage je trouve de réduire cela à des techniques qui fonctionnent ou pas… Et je me dis que si cette association portait un autre nom, elle pourrait venir en aide et toucher beaucoup plus de mamans…