Il ne veut pas prêter ses jouets ! Je crois que TOUS les parents d’enfants de moins de trois ans ont déjà vécu cette situation parfois difficile à gérer : le problème du partage des jouets ! Vous êtes chez un autre enfant et votre enfant se met à convoiter le jouet que l’autre a dans les mains. Il essaie de l’attraper. L’autre enfant ne veut pas le prêter. Tout le monde se met à crier. Bref c’est la catastrophe ! Je suis sûre que vous visualisez parfaitement le tableau.
C’est une situation complètement normale et très classique…
Dans cet article, je vais tenter de vous donner quelques astuces pour vous aider à gérer ces moments difficiles. Nous le verrons, il sont de toutes façons inévitables ! Je tiens néanmoins à vous rassurer, avec quelques habiletés et des techniques de parentalité positive, il est possible d’arriver à gérer calmement la plupart des situations.
Pourquoi est-ce si difficile de prêter un jouet ?
Que nous apprennent les neurosciences ?
Il faut savoir qu’un enfant de moins de trois ans a énormément de mal à gérer ses impulsions. C’est une question de maturité cérébrale. Quand un tout-petit a envie de faire quelque chose, il le fait. Il ne réfléchit pas plus loin. Il est dans son travail d’exploration. A ce moment là, il est simplement guidé par son instinct. Comme le dirait Maria Montessori, il est poussé par une force intérieure très vive et très puissante, qui le pousse à découvrir le monde qui l’entoure. Du coup, s’il voit un objet qui l’intéresse, de manière instinctive, il va vouloir le découvrir et comprendre comment il fonctionne.
A cet âge là, la notion de socialisation n’est pas encore ancrée. En général, avant trois ans chacun explore un peu dans son coin. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas d’échanges mais, à ce moment là, ce n’est pas la priorité. D’où les situations de conflits très classiques que vous pouvez retrouver à la maison, au parc, chez des amis…
Le petit enfant ne comprend pas bien la notion de propriété. Souvent, il peut dire qu’un objet est à lui car il l’a dans les mains. Lorsqu’il il dit « c’est le mien », il veut simplement dire qu’il l’a dans les mains. Du coup si vous reprenez l’objet en lui disant que non, ce n’est pas à lui, que c’est à quelqu’un d’autre… Cela sème la confusion dans son esprit. Vous risquez alors d’accentuer la frustration et d’envenimer le conflit. Dans ce cas là, le mieux reste simplement de valider le fait que oui il l’a dans les mains.
Avant quatre ans, il est vraiment très difficile pour un enfant d’attendre son tour. Je ne dis pas qu’il ne faut pas le lui demander. Cependant, il faut tout de même garder à l’esprit que l’exercice est difficile. Cela requiert d’une part, d’inhiber ses émotions et d’autre part, de se projeter dans un futur et d’anticiper. Or, le cerveau frontal, qui permet justement d’anticiper n’est pas mature. Tout prend rapidement de l’ampleur car l’enfant n’arrive pas du tout à se visualiser avec l’objet un peu plus tard.
Et en plus (et c’est assez rigolo à observer) une fois que son tour viendra, il ne sera peut-être plus du tout intéressé par l’objet en question ! Vous avez peut-être déjà été dans ce genre de situation : votre enfant convoite le camion d’un autre, puis une fois que celui ci est disponible il n’en veut plus ! Il faut aussi savoir qu’à cet âge là, les tout-petits sont très sensibles à l’imitation. C’est leur façon d’apprendre ! les neurones miroirs travaillent beaucoup et ils veulent tout faire comme les autres.
Comment j’envisage personnellement la question du partage :
J’ai le sentiment qu’en tant qu’adultes, nous sommes totalement incohérents face à cette question du partage. Souvent, nous demandons à nos enfants de prêter leurs jouets ET nous leur interdisons aussi de prendre ceux des autres ! Je trouve cela totalement injuste. En outre, je pense que cela peut venir semer la confusion dans leur esprit. Par exemple, si nous sommes chez des amis et que mon fils commence à toucher à un jouet et que clairement, je vois que l’autre enfant n’est pas d’accord. Je vais demander à mon fils de respecter cela. Je vais alors tenter de l’orienter vers une autre activité. Une fois que nous recevons les mêmes amis à la maison, je ne peux pas dire à mon fils qu’il DOIT absolument partager ses jouets, que ce n’est pas bien, qu’il n’est pas gentil s’il ne le fait pas etc… etc…
Je ne peux pas demander à mon fils de respecter la propriété des autres et en même temps lui demander, à lui, de prêter ses jouets même s’il n’en a pas envie. Au risque de passer pour une mère « bizarre », ou laxiste, je ne veux pas le forcer. De plus, j’aimerais vraiment qu’il apprenne à prêter de bon cœur, qu’il apprenne le plaisir de partager et de faire plaisir aux autres.
Je ne veux surtout pas que le partage devienne pour lui synonyme de contrainte.
Il ne veut pas prêter ses jouets : quelques astuces pour l’aider !
Jouer sur l’empathie et sur l’émotion :
L’astuce principale que j’utilise c’est de jouer sur l’empathie et sur les émotions :
« Regarde, je crois que le petit garçon est bien triste. Il avait ce camion dans les mains et maintenant il ne l’a plus. Est-ce que tu veux bien le lui rendre je crois que cela lui fera très plaisir. Vas-y tu vas voir. Il sera content. » Les tout-petits, aux alentours de deux ans, ont un sens de l’empathie assez extraordinaire. La plupart du temps cela fonctionne très bien. Ensuite, il suffit juste de l’aider à passer à autre chose, en attirant son attention ailleurs.
Si par contre il refuse de rendre l’objet, on peut alors s’adresser à l’autre enfant (sans l’obliger bien sûr ) et, de la même manière, jouer sur l’empathie et sur les émotions :
« Tu as vu, on dirait que Raphaël aime beaucoup ton camion. Il le trouve très beau. Il aimerait beaucoup le découvrir. Est-ce que tu es d’accord pour qu’il le regarde un petit peu et ensuite il te le rend ? » Bien souvent, l’autre enfant accepte de montrer son jouet sans difficultés.
S’il refuse, j’explique alors à mon fils que l’on est obligé de le rendre, qu’il ne veut pas le prêter et qu’il faut respecter son choix. Et ensuite, je n’ai plus qu’à accueillir toute sa colère et sa frustration.
Emmener ses propres jouets :
Si je vais chez un autre enfant, je prends toujours quelques jouets dans un sac. Ainsi, j‘ai une alternative si l’autre ne veut pas prêter. Cela permet aussi de proposer un échange de jouets. « Regarde, Arthur te prête sa voiture, en échange tu peux le laisser regarder un peu ton camion ? » et ainsi, les deux enfants sont contents !
Trouver une alternative :
Parfois, c’est un autre enfant qui vient à la maison et qui se met à toucher tous les jouets (ce qui, encore une fois, est tout à fait normal). Dans ce cas là, j’observe et si cela se passe bien évidemment je n’interviens pas. D’une manière générale j’essaie de ne pas trop intervenir. J’attends de voir si les enfants peuvent trouver seuls un terrain d’entente. Je n’interviens que s’il y a détresse, d’un côté ou de l’autre ! Si je vois que mon fils est trop contrarié, je vais essayer de tempérer en orientant moi-même l’enfant vers un autre jouet.
Je ne demande pas à mon fils de prêter ses jouets s’il n’en a pas envie. Je vais donc expliquer à l’autre enfant que le jouet en question est important pour mon fils et que celui-ci, il préfère le garder pour lui. Puis, j’essaie de trouver une solution avec mon fils, pour voir quel jouet il veut bien prêter à la place. Et souvent, il est très content de prêter autre chose. Il se sent compris dans ses choix, dans ses sentiments . De cette manière, il va de lui-même et de bon cœur aller choisir un objet auquel il tient un petit peu moins. Les autres enfants, quant à eux, sont en général contents de découvrir n’importe quel jouet du moment qu’il y a cet effet « nouveauté ». En général, cela se passe bien de cette façon.
Si cela devient trop frustrant pour l’autre enfant, je propose de ranger l’objet en question sur une étagère et je détourne leur attention sur autre chose.
Anticiper et étudier la question en amont :
Lorsque je sais que d’autres enfants vont venir à la maison, j’essaie d’anticiper. J’étudie un peu la question avec mon fils en lui expliquant clairement les choses : « tu sais nous allons recevoir Hugo et Arthur à la maison. Ils n’auront peut-être pas leurs jouets avec eux et du coup, ils vont vouloir découvrir les tiens. Ils joueront surement un peu avec ta cuisine et avec tes voitures… J’essaie de faire en sorte qu’il se prépare psychologiquement à accueillir d’autres enfants dans son espace.
Si je vois que vraiment le refus est net, je propose de ranger le jouet et de mettre en avant des jouets qu’il accepte de prêter volontiers.
De cette manière, cela se passe bien chez nous.
Les jeux de société :
Dés deux ans, vous pourrez lui offrir ses premiers jeux de société. De cette façon, vous allez lui apprendre le plaisir de jouer ensemble, le respect des règles (patienter, attendre son tour…).
Quelques phrases pour l’encourager à prêter ses jouets :
J’ai remarqué que certaines phrases fonctionnaient plutôt bien :
« Tiens regarde, Zoé est très intéressée par ton camion. Elle n’a pas le même chez elle, elle se demande comment il fonctionne. Est-ce que tu veux bien lui prêter un petit peu pour qu’elle le découvre ? Cela lui fera sûrement très plaisir.
De la même manière, on peut demander à l’enfant qui possède l’objet de montrer à l’autre comment il fonctionne.
Enfin, si une situations a été compliquée, j’essaie d’en reparler un peu plus tard, à froid, à tête reposée… A ce moment là, j’essaie de lui apprendre cette notion de propriété. Je lui explique que les enfants prennent ses jouets parce qu’ils les trouvent bien, et qu’après ils les rendent. Les jouets restent à lui. Je lui dis par exemple : « regarde, tu vois, tous les jouets sont encore, là. Ils sont bien rangés et ne sont pas du tout abîmés ». « Et puis toi aussi, quand tu vas chez Arthur, tu aimes bien découvrir des jouets que tu ne connais pas. Cela te fait plaisir qu’il te laisse un peu jouer avec ses voitures… »
Le partage fait partie des habiletés les plus difficiles à acquérir pour nos enfants. Cela prend du temps et il ne faut pas s’attendre à ce que les enfants saisissent parfaitement ce concept avant l’âge de 4 ans. A cet âge là, ils aiment donner, recevoir, se disputent beaucoup moins notamment grâce à une meilleure maîtrise du langage et de leurs émotions.
J’espère que cet article vous aura donné quelques pistes pour gérer ce type de situations parfois compliquées.
N’hésitez pas à nous rejoindre sur les réseaux sociaux si le cœur vous en dit,
Je vous embrasse et vous dis,
A bientôt,
Éva.
J’ai trouvé ton article hyper intéressant ! J’en avais parlé moi aussi (http://enfancejoyeuse.fr/preter-ses-jeux) et à mon avis, ce qui est difficile pour les enfants c’est d’acquérir la notion de propriété. Ils ont d’abord besoin de posséder les choses avant de pouvoir les « prêter ». Mais c’est vrai que c’est un travail quotidien de les accompagner dans cette interaction sociale 🙂